Autobiographie
Tout d'abord quelques lignes sur ma façon de voir et de percevoir l'équitation dite moderne. Première mise au point. Je ne juge jamais. Je fais des constatations. Car les gens qui jugent le font souvent d'après eux-mêmes.
Le cheval pour moi n'est pas un sujet mondain ou un élément décoratif.
Mais le centre d'un credo d'une passion et d'une sensibilité personnelle ; j'en fis le médium de mes joies, de mes souffrances, de mes méditations, voire de mon éthique.
D'origine toscane descendant des Puccini par mon grand-père, j'aurais pu me passionner pour l'opéra mais ce fut le cheval qui prit mon cœur dès mon enfance. Après mes études secondaires je passe quelques temps aux beaux-arts avant de débuter dans la vie active en aidant mon père au mas familial. Nous cultivions quarante hectares de vignes et oliviers à mon village natal St Hilaire de Beauvoir dans l'Hérault. Mon grand-père m'initie à l'œnologie et je profite du cheval de race Camargue qui était à l'écurie avec d'autres chevaux de trait pour m'initier à l'équitation et j'en profitais pour aller trier des taureaux dans les manades comme gardian amateur. Cette pratique me lassa. La mentalité ne me convenait plus.
L'agriculture en crise, je dus me recycler et rentrer au midi libre journal local après dix années comme o. h. q. en micro mécanique je lâche la presse avec une indemnité. J'achète vingt chevaux de club et j'enseigne l'équitation de base et la randonnée à mes élèves en même temps je prends des cours au près du capitaine Bila de la garde républicaine qui me fit passer mes diplômes pour enseigner.
Apres trente deux ans d'autodidaxie je pensais savoir monter à cheval en réalité je me tenais à cheval. Cette activité n'étant pas rentable je vends mes installations et rentre au CNRS ou je perfectionne mon savoir technique en même temps j'étudie l'ethologie.
Depuis une quarantaine d'années je me passionne pour l'orthopédie de la bouche du cheval ce qui a mon sens est primordial et complémentaire à une équitation de haut niveau en confectionnant mes propres embouchures. Mes mors sont mieux adaptés aux chevaux que je dresse car pendant de longues années, j'achète et revends une dizaine de chevaux par an plus ou moins bien montés.
Beaucoup de personnes confondent avoir du caractère ou avoir mauvais caractère. Lors de mes expositions on me considère comme un artiste un peu fantaisiste et quand on parle de moi c'est toujours avec une connotation péjorative. En réalité je suis direct, parfois incisif, perfectionniste, intolérant à la médiocrité, fidèle en amitié. Homme de cœur et sans concession pour les contacts humains s'il n'y a pas de feeling. Je me considère comme un homme d'un autre siècle ou le beau travail et l'amitié ne se monnaient pas.
Il est vrai que la diplomatie n'est pas mon domaine de prédilection. On me pose souvent la question : pourquoi exposez-vous souvent au portugal ? Je réponds : j'ai exposé au salon du cheval à Paris en 1986. Aux grandes écuries de Versailles avec Bartabas en 2002 deux années de suite à Montpellier au salon du cheval. J'ai été surpris du peu de culture équestre des visiteurs. Au Portugal, en Espagne, aux États-Unis les visiteurs sont curieux, admiratifs et respectueux de mon travail et savent qu'avant tout je suis homme de cheval ; car comment pourrais-je adapter des mors aux chevaux sans les connaître. Les Français sont curieux, ne posent pas de question et critiquent.
J'appartiens avant tout à la famille des artistes. La création nous la dominons au travers de nous-mêmes. Lorsque nous créons, le ciel est entre nos mains, le ciel est à nos pieds. Il n'y a pas de théorie sur l'art. Nous laisserons à ceux dont c'est le métier le soin de l'établir si tant est que cela puisse se faire.
Nous ne nous inscrivons que comme l'un des maillons de l'univers et nous n'avons la prétention que de vouloir laisser une trace parmi tant d'autres. Etre artiste, c'est sentir des forces créatrices et savoir les exprimer, les canaliser, les ordonner et les maîtriser à des fins d'expression. Etre artiste, implique l'urgence et la peur, suppose la disponibilité et la curiosité. Cet être habite attentif et réceptif à chaque parcelle de son environnement. Alors l'inspiration s'annonce comme une jubilation, la sensation de toucher à l'essence des choses, le besoin de s'exprimer, de traduire par le signe sont toujours présents et le faire par des mots n'est pas notre préoccupation essentielle. Ainsi le dialogue que nous recherchons s'instaure justement au-delà des mots, dans le silence de celui qui se sentira concerné et touché.
Visiteurs d'expositions méfiez-vous des appréciations que vous porterez sur les artistes lors de vos visites car rien ne leur sera indifférent, rien ne leur échappera. Toute réflexion sera percutante car ils se cherchent toujours dans votre regard et rien n'est pire que de ne pas se trouver. Ne faites jamais l'amalgame entre un artiste et un copiste. Un artiste crée. Un copiste s'efforce de reproduire. Il lui sera difficile sinon impossible de connaître la base de l'œuvre pour construire.