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Aciers de style camarguais

Les mors, éperons, étriers, tridents sont le résultat de nombreuses années dédiées à l'esthétique, à la perfection du travail et au confort du cheval.
Pour certains sujets je me suis inspiré du travail de M. Gédéon Blatiere du Cailar.
J'ai commencé par exploiter l'acier pendant de nombreuses années, puis en 1978 lors des journées de climagri j'ai présenté ma nouvelle collection en acier inoxydable. Le résultat n'a pas été celui que j'espérais. Ce fut la stupeur! . Ca brillait trop. Ce n'était pas la tradition. Trop cher. Lucarotti était devenu fou.
Je me permets d'informer les sceptiques qu'au 17° siècle on étamait les aciers avec de la poix blanche pour ensuite les argenter ou les dorer à l'or fin. Si nos illustres ancêtres avaient eu de l'inox ils ne se seraient pas privés de l'utiliser.
Heureusement que je ne me suis pas découragé, mais au contraire, dans l'adversité, je me suis renforcé. Car je vois le résultat, de nos jours, ceux qui m'ont le plus critiqué, essaient de reproduire mon travail. Je dirais à ceux qui font des comparaisons qu'il n'y en a pas. Chacun fait ce qu'il veut avec ses moyens.
Je suis fier d'avoir été le précurseur, et par mes résultats, influencé et amélioré l'image de marque de la Camargue et de nos traditions. Lors de mes expositions à travers l'Europe, la Camargue a toujours été représentée dans la décoration de mon stand. Je n'ai jamais demandé une subvention pour mes déplacements. Ce n'est pas pour cela que j'ai été adulé ni récompensé par mes pairs, au contraire.
Beaucoup n'acceptent pas de payer le prix pour mon travail, c'est leur droit, mais qu'ils disent que ce n'est pas justifié, je ne suis pas d'accord. Combien vaut une bonne selle actuellement?
Heureusement beaucoup de Camarguais n'ont pas une vision monoculaire et m'ont fait confiance.
Nous n'avons rien à envier à d'autres pays car nos traditions sont ancestrales. Le mors de Camargue a été inspiré du mors d'officier de hussard ou lancier 1er empire. Les étriers à cage, des hommes d'armes du 15° siècle. Les éperons en col de cygne, d'officier du 18°. Le trident du 15° et la selle camarguaise actuelle, de la selle à piquet du 18° siècle.
En mettant au point les mors avec du caoutchouc et du cuivre sur les cannons j'ai fait évoluer les choses. Car si une tradition n'évolue pas elle meurt.
Pendant longtemps je me suis refusé à travailler pour le tourisme. J’avais l'impression de galvauder mon art et qu'ils étaient incapables de sentir l’âme de notre province. J’avais tord, beaucoup me demandaient de ne pas oublier de graver la croix perlée sur mes oeuvres, emblème du Languedoc qui est mon poinçon et qui prouve ainsi une fois encore s'il en était besoin mon attachement au pays.
Un jour mon ami Patric, le chanteur occitan, me dédicaça son livre (Camargue terre de lumière). Il écrivit ceci :
A Michel-Hervé Lucarotti qui m'a appris à regarder ce pays non seulement avec les yeux de la mémoire mais avec le cœur.
alégre. alégre sien vous alégre !calendo ven, tou ven ben. dieu nous fague la gràci de veire l'an que ven , e se nous sian pas mai, que nous fuguen pas miens
Amistousamen.
MH Lucarotti année 2007